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En prison...

Un courrier en cette fin de Novembre 2017 où la liberté d'expression et d'opinion est un droit fondamental pour tous les espagnols sauf que :

Le "Aieuls"  catalans ne peuvent plus manifester contre l'emprisonnement "préventif" des membres du gouvernement autonome déposé par le Gouvernement Central de Madrid ,

Les journalistes de la chaîne catalane TV3 ne doivent plus employer des expressions comme "détenus politiques" ou "Carles Puigdemont président du Gouvernement Autonome",

L'utilisation de la couleur "jaune" lors de illuminations de Noël est interdite en Catalogne (le jaune étant la couleur du ruban arboré par les manifestants indépendantistes depuis octobre),

mais les smartphones sont là .

Des messages sortent de prison où purgent une peine préventive depuis plusieurs semaines, politiques catalans et personnalités de la société civile et qui témoignent du soutien d'une multitude anonyme :

"En prison la veille ressemble au lendemain. Il est facile de ne plus savoir quel est le jour de la semaine. Les lundis deviennent des vendredis,et les samedis des mardis.

Malgré cela il y a des moments privilégiés où l'extérieur se fait présent, que ce soit un appel téléphonique aux proches,  la voix de l'épouse et des enfants,  une visite inattendue ou une entrevue avec l' avocat.

Un des moments les plus émouvants est la remise du courrier. Les lettres reçues par centaines nous communiquent les battement de cœur des gens. C'est une grande émotion que d'ouvrir une enveloppe où se cachent des mots.

Nous recevons toutes sortes de lettres.

Certaine manuscrites, d'une  calligraphie admirable, et qui viennent de personnes ne se rappelant plus la dernière lettre écrite à la main, mais qui pour l'occasion ont abandonné l'ordinateur pour nous prouver qu'elles écrivent avec leur sentiment .

Beaucoup de lettres écrites par des mères ou des grand-mères souffrant pour nos enfants ou nos familles.

Des lettres avec des dessins d'enfants qui nous témoignent leur affection et des lettres avec des poèmes pour nous tenir compagnie.

Des lettres d'amitié commençant par "Nous ne nous connaissons pas mais vous êtes parmi nous, à la maison, chaque jour".

Des lettres qui nous tutoient pour exprimer estime et proximité et des lettres qui s'adressent avec déférence à nos fonctions pour souligner la permanence et la dignité de nos institutions.

Des lettres de remerciement et d'encouragement et des lettres indignées, rageuses d'impuissance face aux abus et à l'injustice d'un emprisonnement qui nous tient confinés en cellule16 heures par jour.

Des lettres pleines d'une incroyable générosité dont les auteurs regrettent de ne pouvoir faire plus et qui prient pour nous  allumant chez eux une bougie pour nous sentir plus proches.

Des lettres d'inconnus qui nous disent leur lutte pour leurs enfants et petits-enfants, des lettres d'amis ou de connaissances qui nous rappellent les moments partagés. Moments heureux ou malheureux, chargés d'émotion.

Nous ne sommes pas seuls. Nous le savons. Nous le sentons.

Il n'y a pas de mots pour le dire.

Dans ces jours difficiles, en prison, à 700kms de la maison, loin de l'épouse aimée, des enfants regrettés, et des vieux parents, c'est un immense orgueil que de faire partie d'un pays qui compte tant de braves gens . Des gens honnêtes, engagés, qui ne renoncent pas et restent fermes.

Je crois que je peux expliquer cela par une de mes citations préférées :

"J'oublierai peut-être ce que tu as fait

J'oublierai peut-être ce que tu as dit

Mais jamais je n'oublierai ce que tu m'a fais ressentir".

Merci beaucoup! Merci mille fois!

Carles Mundó Blanch

Prison d'Estremera (Madrid)

Envoyé depuis mon téléphone Windows 10

(Traduit du catalan par Monsetta)

 

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