Je re-ouvre cette fin d’Août ma rubrique sur les proverbes. Cette fois-ci j’ai parcouru un vieux recueil espagnol intitulé « Citas y refranes celebres » édité il y a une cinquantaine d’années.
Si les maximes ont parfois un goût suranné elles gardent toute leur actualité lorsqu’il s’agit d’épingler quelques comportements humains :
Quien mucho come,mucho bebe. Quien mucho bebe, mucho duerme, Quien mucho duerme,poco lee, Quien poco lee,poco sabe y poco vale. Celui qui mange beaucoup boit beaucoup Celui qui boit beaucoup dort beaucoup Celui qui dort beaucoup lit peu Celui qui lit peu, sait peu et vaut peu.
J’ai toujours aimé les proverbes soit pour leur pertinence ou pour leur malice :
Quien se entrega a la bebida poco estima su vida
Celui qui s’adonne à la boisson aime bien peu sa vie
Aunque la mona se vista de seda, mona se queda
Même si la guenon s’habille de soie, elle reste guenon
soit parce que en leur compagnie, je remonte le temps et trouve des référents aujourd’hui oubliés :
Agua por la San Juan quita vino y no da pan
La pluie de la St Jean gâche le vin et ne donne pas de pain
Por San Urbano el trigo ha hecho grano
A la St Urbain le blé a donné son grain
Por San Simón y Judas cogidas son las uvas, lo mismo las verdes que las maduras
Pour la St Simon et Judas les raisins ont été cueillis étant mûrs ou non
J’aime aussi me confronter aux mille et une facettes d’une sagesse populaire issue de traditions orales se perdant dans la nuit des temps. Le plus ancien écrit de sentences et maximes connu à ce jour comporte deux traités de morale. Il s’agit du « Papyrus Prisse » découvert en 1843 par l’explorateur français Émile Pisse d’Avesne. Le document date d’environ 2400 ans avant Jésus-Christ et avait répondu à une demande de Pharaon …En Chine, cinq siècles avant Jésus-Christ Lao Tseu et Conficius ont eux aussi laissé par écrit proverbes et aphorismes issus d’une tradition millénaire. L’Afrique aussi a sa sagesse
La tradition a pris le goût des terroirs où elle s’est perpétuée et s’est enrichie des us, coutumes et croyances autochtones mais son fond reste universel :
Con el tiempo todo se sabe y con el tiempo todo se olvida y deshace
Avec le temps tout se sait et avec le temps tout s’oublie et de défait
No hay mayor dificultad que la poca voluntad
Il n’y a pas de plus grande difficulté que le manque de volonté
La salud no es conocida hasta que es perdida
On ne connaît sa santé que lorsqu’on la perd
Quant aux conseils il y en a , au mode impératif, pour tous les goûts et toutes les occasions :
Haz bien y no mires a quien
Fais le bien et ne regarde pas à qui
Nadie se meta donde no le llamen
Que personne n’aille là où on ne l’appelle
Procure lo mejor, espera lo peor y toma lo que viniera
Recherche le mieux, attend le pire et prend ce qui vient
Cuanto sabes no dirás, cuanto ves no juzgarás si quieres vivir en paz
Tu taieras ce que tu sais et ne jugeras ce que tu vois si tu veux vivre en paix
De temps à autre une pointe malicieuse ou féroce révèle un machisme ancestral :
La mujer y la sardina cuanto más pequeña más fina
Les femmes comme les sardines, plus elles sont petites plus elles sont fines
La mujer en la iglesia santa, en la calle ángel, en la ventana búho, en el campo cabra y en la casa urraca
Les femmes dans l’église sont saintes, dans la rue des anges, à la fenêtre des hiboux et à la maison des pies bavardes
Les proverbes étant l’expression de la « sagesse des nations » certains se répondent d’une langue à l’autre :
La caridad bien entendida empieza por uno mismo
Charité bien ordonnée commence par soi même
Si en febrero caliente estás por Pascuas tiritarás
Noël au balcon, Pâques aux tisons
Muchas candelitas hacen un cirio
Les petits torrents font les grandes rivières
Ojos que no ven,corazón que no siente
Loin des yeux, loin du cœur
La pérennité de ces adages porteurs de vérités mais aussi de mensonges m’a toujours interpelée et je ne me lasse jamais de les découvrir ou redécouvrir au gré des occasions (qui font le larron !...)