« Còlha Santa Maria de Mijaran » , un groupe de danses et chants aranais né à Vielha
Depuis plusieurs étés j’assiste dès que l’occasion se présente aux spectacles folkloriques que propose Vielha soucieuse de promouvoir le patrimoine culturel aranais . Cette année encore j’espère bien voir évoluer la troupe qui porte le nom de la Sainte patronne de la ville: Santa Maria de Mijaran.
La « Còlha Santa Maria de Mijaran » célèbre cette année son 45 ième anniversaire ce qui sera sans doute marqué par quelques danses inédites pour la troupe et un accompagnement musical fourni. En attendant le spectacle j’ai voulu en savoir plus sur la « Còlha » et suis aller fouiller dans le fonds régional de la ville .
C’est à l’occasion de la Fête locale de Vielha, la « Hèsta Major », que la troupe présente son premier spectacle sur l’esplanade de l’Église de Mijaran le 8 septembre 1973. Sa co-fondatrice et directrice, Angelina Casas Andreu, prenant exemple sur celle du village de Les et encouragée par cette dernière reprend une partie de son répertoire qu’elle complète par des recherches propres en allant glaner dans les villages les plus reculées témoignages, musiques et pas de danse.
Chants et danses traditionnelles sont l’expression de la culture populaire. Paroles, musique, chorégraphies révèlent vie et pensée de chacun des villages où elles sont nées : Salardu, Gessa, Montgarri, Vielha, Vila, Les, Vila….L’origine des danses les plus anciennes est gasconne car bien avant le XIX° siècle les pèlerinages gascons à Montgarri étaient l’occasion de chanter et danser avec leurs cousins aranais. La Còlha Santa Maria de Mijaran fait la part belle aux « aubades », « puntets », « esclops », « polka piqué ».
Les « aubades » se dansaient dans tout le Val d’Aran et se caractérisent par un alignement de chaises où sont assises les jeunes filles du village autour desquelles dansent les jeunes gens jusqu’à ce que se forment les couples
Le « puntet » est présent à Vielha au début du XX° siècle. Dans cette danse les protagonistes sont des corbeilles de pain ( les unes contenant du pain blanc, les autres du pain noir - « mistràs » en aranais) que les danseurs et danseuses s’échangent, le but étant de garder par devant soi à la fin de la danse, le pain blanc : « Tastaràs non, tastaràs pis-pas, tastaràs mistràs » (Tu goûteras non, tu goûteras pis -pas, tu goûteras au mistràs)
Les « esclops » se dansent en sabots sur un chant populaire gascon du XVIII°. La chorégraphie en est simple et enjouée, les paroles variant d’une région à l’autre et au cours des années :
« Cin sòs costeren en mèus esclops quan n’èren nous » (Mes sabots m’ont coûté cinq sous quand ils étaient neufs)
La « polka piqué » :
Cette danse qui a parcouru toute l’Europe au XIX° siècle est arrivée en terre aranaise après avoir été enrichie par de nombreuses variantes gasconnes.
Un an après sa naissance la « Còlha Santa Maria de Mijaran » prenait son envol et présentait son premier programme aux villages du Val d’Aran : Betren, Arties, Salardú…Les costumes très simples au départ mais toujours réalisés dans un souci d’authenticité, sont devenus de plus en plus variés et élaborés. Au fur et à mesure de l’enrichissement culturel de la troupe les danses issues des folklores cousins gascon et catalan, sont entrées dans le répertoire, l’accompagnement musical et vocal s’est étoffé tout en gardant les incontournables accordéons et musettes.
Depuis près d’un demi-siècle Vielha garde comme vedette de ses spectacles folkloriques la Còlha Santa Marie de Mijaran forte de sa quarantaine de danseurs et demi douzaine d’accompagnateurs. Reconnue pour la qualité de ses prestations, la beauté de ses costumes, l’engagement de ses danseurs sur trois générations, elle est invitée à de nombreux festivals : Festival International des Pyrénées, Exposition Cultura de Barcelone,Festival de Danses de la couronne d’Aragon, Festival Mare Nostrum d’Ibiza…
J’espère bien rencontrer au cours de l’été les responsables de la troupe, en particulier Dolors Beso Atés co-fondatrice et ainsi enrichir par leurs paroles et documents la brève évocation que je viens de faire dont j’ai bien conscience qu’elle manque de son et de mouvement !
Source : Opuscule édité en 500 exemplaires pour les 35 ans de la « Còlha Santa Maria de Mijaran de música e dances tradicionals araneses » (2008)
Quadrille dansé sur la Plaça Major de Vielha