L’été 2021 a cèdé sa place à l’automne…Drôle d’été, temps incertain, poids des mesures sanitaires liées à la Covid 19, atmosphère contrainte ou euphorique selon les lieux ou les gens…Mon blog a sommeillé mais j’ai retrouvé sur mon bureau (virtuel) de quoi le désengourdir par la réécriture de quelques légendes catalanes dont certaines pages de mon blog portent des traces.
Ces récits issus de la tradition orale mêlent réel (personnages, faits historiques, lieux, monuments) et imaginaire (dragons, fées, sortilèges, miracles). Ils expliquent et magnifient traditions et mystères et sont aux origines de la culture populaire et de l’identité catalanes.
Le surprenant massif du Montserrat, non loin de Barcelone en est souvent la toile de fond.
La Légende du Frère Gari
Vers l’an 859 alors que Geoffroi-le-Poilu (Guifré el Pilòs) était comte de Barcelone, le moine Joan Gari vivait dans une grotte du massif de Montserrat.La bonté et les prodiges de Fra Gari (Frère Gari) étaient connus de tous et en particulier des malades ce qui rendait le Diable fou de jalousie . Un jour le Malin décida de se transformer en ermite pour être le proche voisin du frère Garí et le pousser à pécher. Mille et une ruses et mille et une tentations n’en firent rien, alors le Diable conçut un plan machiavélique. Il envouta Riquilda, la fille du comte, de telle sorte qu’aucun remède ni exorcisme ne la guérisse. Désespéré le comte appela à son chevet Fra Garí qui dut quitter à contre cœur sa chère grotte.
Le sortilège était grand, Riquilda très belle, la tentation trop forte : Fra Garí finit par violer la jeune fille, puis l’égorgea, et s’en fut l’enterrer au pied de sa grotte. Ensuite il s’enfuit rempli d’horreur pour tous ses crimes. Sa culpabilité l’étouffait, seul le Pape de Rome pourrait l’aider .
Comme un misérable Il entreprit le voyage et fut reçu par le Saint Père. Après l’avoir écouté le Pape lui imposa comme pénitence de marcher non plus debout mais à quatre pattes comme une bête jusqu’à ce qu’un enfant lui dise : « Garí, lève-toi, tes péchés te sont pardonnés ». Vivant comme une bête, hirsute, perdant ses haillons, Garí se couvrit de poils, et ne fut plus qu’un animal. Son voyage de retour dura trois ans, et durant sept ans il s’isola du monde dans sa grotte.
Entretemps le comte Guifré avait fait des recherches pour retrouver sa fille et il les continuait surtout quand il sortait chasser. Un jour ses chiens levèrent une créature étrange dans le massif du Montserrat. Avec ses compagnons de chasse ils la prirent dans un filet, la mirent dans une grande cage et l’amenèrent à la cour pour l’exhiber comme trophée : personne n’avait reconnu l’ermite Fra Garí.
Statue équestre de Guifré el Pilòs et figure d'Ermite
Le palais était en fête car le comte célébrait le baptême de son dernier-né. Le petit enfant encore dans les bras de sa nourrice fut amené devant la cage et d’une petite voix dit alors : « Garí, lève-toi, tes péchés te sont pardonnés ». A la surprise de tous Fra Garí se redressa comme un homme. Le comte le fit laver, toiletter, habiller et reconnut l’ermite. « Qu’était devenue sa chère Riquilda ? ». Fra Garí confessa son crime et demanda un châtiment exemplaire. Le comte s’y refusa. Il voulait simplement aller à Montserrat et retrouver le corps de sa fille pour lui donner sépulture.
A l’exhumation le cadavre apparut intact aux yeux de tous. La Vierge de Montserrat avait intercédé pour qu’il en soit ainsi et que Riquelda revienne à la vie. La jeune fille ne voulut pas quitter la montagne sacrée : sa vie serait consacrée à la Vierge. Le comte ordonna alors la construction d’un monastère pour moniales, Sainte Cécile de Montserrat et sa fille en fut la première Mère Abbesse .
Moniale et Image de la Vierge de Montserrat
Bibliographie : Légendes catalanes proposées par le "Grup Enciclopedia catalana"
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