Aujourd’hui je ferai un crochet par l’Art Contemporain puisque la dernière conférence que j’ai suivie donnait quelques clefs pour l’aborder. C’était le 6 novembre dernier au siège de la Fondation pour l’Art Contemporain (Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées).
6 clefs pour « entrer » dans l’Art Contemporain selon Sylvie Corroler (1)
En Art on peut aimer sans comprendre car le sentiment parle mais pour mieux dialoguer avec l’œuvre, la comprendre est incontournable. Alors , comment s’y prendre en Art Contemporain ? Comment y avoir accès ?
1° Clef :
Plutôt que de se poser la question : « que veut dire l’artiste ? » se demander : « que m’apporte cette œuvre ? ». L’artiste propose une forme, une installation : c’est au spectateur de s’interroger sur elle.
2° Clef :
Prendre le temps de la contemplation. Laisser venir les mots que l’œuvre inspire…sensoriellement, intellectuellement et ne pas refuser qu’elle impacte physiquement.
"Die" Tony Smith (1962)
3° Clef :
L’Art Contemporain remet en question les qualités qu’on attribue traditionnellement à l’Art :
- savoir-faire de l’artiste
- respect des canons
- travail
il ne faut donc pas l’aborder à partir de ces qualités.
De même disparaissent les notions de cadres, socles, qui mettent en scène l’œuvre et la distancient du spectateur. Dans l’Art Contemporain l’œuvre arrive dans l’espace du spectateur, désacralisée.
Sculpture monumentale de Richard Serra.
Le spectateur entre dans un labyrinthe dilaté ou resserré et éprouve une authentique expérience physique qui réveille son intelligence du sensible c’est-à-dire ses émotions
4° Clef :
Le spectateur doit accepter d’être mal-à-l’aise face à une œuvre contemporaine. L’expérience de l’art peut se faire par la négative…
5° Clef :
Tous les matériaux peuvent servir de support, des plus nobles aux plus triviaux.
6° Clef :
Face à l’œuvre le spectateur doit être réactif et entrer dans une dynamique de participation-implication.
Regards
Petite Odessa Boltanski
L’installation « Petite Odessa » se caractérise par une accumulation de vêtements pliés et de visages photographiés et éclairés. Ce sont symboliquement ceux de disparus de la Shoa : les vêtements rangés attendent un vain retour. « Regards » nous donne à voir les yeux de ceux qui ne verront plus après l’Holocauste..
Claudio Parmagieri « Bibliothèque »
Dans cette installation l’artiste propose les traces d’une bibliothèque obtenues à partir de suie déposée sur les murs, suivant une technique semblable à celle du pochoir. Bibliothèque absente, traces fragiles : l’artiste fait un travail plastique sur la notion de disparition .
Micha Hulman « Bibliothèque »
L’oeuvre, une incrustation d’un espace- bibliothèque vide, à même le sol de la Place Bebel de Berlin, a été réalisée pour la commémoration du 80ième anniversaire du 10 mai 1933.
Ce jour-là devant 70 000 spectateurs, les nazis brûlèrent 25 000 livres dans un autodafé géant.
Micha Hulman « Who, What » 2009
Ici aussi les « traces » d’un homme et d’une femme amènent une réflexion sur la disparition.
Depuis 5 ans chaque conférence de Sylvie Correler ouvre les yeux de son public , apporte connaissances et suscite réflexion. Au gré du temps mon blog rapportera l’une ou l’autre…
1) Sylvie Corroler , Directrice et Conférencière de l’Espace Écureuil ( Fondation Espace Écureuil consacrée à l’Art Contemporain) .