J’ai présenté cette approche de la peintre mexicaine FRIDA KHALO à un petit groupe de peintres amateurs comme moi-même, lors d’une mini-conférence dans l’atelier que nous fréquentons « Le Chevalet des Minimes » de Véronique LABADIE. Ce fut pour nous l’occasion de rendre hommage à cette femme d’exception dont la peinture échappe à toute école.
2007 marquait le centenaire de la naissance de Frida .Son nom reste associé aux « Muralistes Mexicains »dont l’ œuvre exalte la révolution mexicaine (1910-1924), les valeurs des civilisations indiennes précolombiennes et le renouveau des sociétés humaines grâce à l’idéal révolutionnaire marxiste et aux conquêtes du prolétariat.
La vie de Frida et son œuvre ont été révélées au grand public par deux films :
1983 « Frida, naturaleza viva » de Paul Leduc (cinéaste mexicain né en 1942)
2002 « Frida » de Julie Taymor (américaine) qui a fait l’ouverture de la Mostra de Venise en 2002 et obtenu d’excellentes critiques.
1907 : naissance de Frida à Coyoacan dans la villa familiale « La Casa Azul »Son père,photographe, était un expatrié d’origine allemande et sa mère mexicaine était issue d’une famille métissée hispano-indienne .
Frida a toujours prétendu être née en 1910 date du début de la Révolution mexicaine qui en finit avec la dictature de Général Porfirio Diaz et dont le but était de détruire le pouvoir des « hacendados » (latifundistes) et donner la terre aux « peones » (brassiers).
A 6 ans, Frida contracte une poliomyélite qui la cloue au lit pendant quelques mois. Son pied droit hérite des séquelles de la maladie.Très courageuse l’enfant poursuit sa scolarité dans un Mexique est à feu et à sang.
Dans ces mêmes années les Bolchéviks prennent le pouvoir en Russie. « Tierra y libertad » clament les révolutionnaires mexicains.Ils sont conduits par Pancho Villa ancien bandit au nord et Emiliano Zapata promoteur de la Réforme Agraire au Sud.En Russie le gouvernement des Soviets s’organise autour de Lénine cependant qu’à ses côtés Trosky élabore la Théorie de la Révolution Permanente.Au Mexique la révolution ne s’achèvera que par l’assassinat de ceux qui la conduisirent (1919 Zapata / 1923 Zapata). Staline s’établit en maître unique de l’Union des Républiques Soviétiques après la mort de Lénine (1924) et la fuite de Trosky (1925).
1923 : Frida est l’une des rares filles reçues à l’Ecole Nationale Préparatoire où elle rencontre éblouie le déjà célèbre peintre Diego Rivera qui réalise une fresque pour l’établissement.
1925 : La jeune fille est victime d’un très grave accident lors de la collision de son bus avec un tram . Miraculée mais prisonnière de corsets de plâtre qu’elle ne quittera que très rarement durant sa vie, immobilisée pendant des mois, Frida commence à peindre depuis son lit.
Revenue à une vie normale Frida se politise , devient membre du Parti Communiste Mexicain et rencontre de nouveau Diego Rivera.
1929 : Diego épouse Frida.Le couple est très amoureux malgré 20 ans de différence d’âge et un passé encombré de conquêtes féminines chez le peintre.
La “colombe et l’éléphant” sont unis par les liens d’un mariage dont ils vont réinventer les règles; la passion ou rien. Parée de la tête aux pieds, en accord parfait avec « l’indigénisme » absolu prôné par Diego, et ses amis artistes et intellectuels elle se donne en représentation, sublime et sacrée dans le sillage de Diego et de ses nombreux contrats aux Etats-Unis.
1932 : Frida doit se résoudre au deuil de deux grossesses qu’elle n’a pu mener à terme.
Un mental d’acier dans un corps à l’agonie, la colonne vertébrale sous tuteur de plâtre, les séjours à l’hôpital, les toiles salvatrices, les rassemblements politiques dans le sillage de ses amis révolutionnaires caractérisent ces années-là.
Diego repris par sa passion des femmes séduit Cristina la soeur cadette de Frida qui quitte alors le domicile conjugal, entame des liaisons et voyage à New-york.
1936 : de retour au foyer,opérée du pied pour la 3°fois Frida soutient avec Diego les républicains espagnols en lutte contre les troupes franquistes et continue de peindre.
1937 : Léon Trotski et sa femme Natalia trouvent refuge à la Casa Azul où ils demeureront deux ans hébergés par le couple. L’intelligence de Trosky fascine Frida. Il deviendra son amant.
1938 : André Breton mondialement connu des élites par son « manifeste surréaliste « (1924) profite d’un voyage au Mexique pour rédiger chez les Rivera un « manifeste des artistes révolutionnaires » avec Trotsky.
Cette même année Frida est conviée à New York pour sa première exposition personnelle à la Julien Levy Gallery où elle a un grand succès.
1939 : elle expose à Paris, mais goûte peu son séjour. Elle refuse qu’on assimile son travail au mouvement surréaliste et à sa mouvance « dada ». Frida Kahlo revient à Mexico pour divorcer et poursuit ses aventures galantes y compris avec des femmes . La seconde guerre mondiale commence.
1940 : Léon Trotski est assassiné à Mexico. Désemparée, Frida rejoint Rivera à San Francisco où ils se remarient. Ses œuvres portent les stigmates de sa mélancolie ajouté aux dommages physiques et dévoilent une introspection intimement liée à l’univers symbolique aztèque.
1945 Les alliés vainqueurs se partagent le monde à la Conférence de Yalta .
Devenus professeurs à La Esmeralda, l’école d’arts populaires de Mexico, le couple met en pratique un souhait de longue date de participer à la revalorisation des trésors folkloriques du Mexique.
1950 : Frida est opérée 7 fois de la colonne vertébrale et passe cette année clouée au lit.
1953 : Lors de sa première et dernière exposition à Mexico, le 13 avril à la galerie Lola Alvarez Bravo, on doit l’emmener au vernissage en ambulance et l’allonger dans son fidèle lit à baldaquin installé sur place pour l’occasion. En silence les invités défilent pour encourager l’artiste.
Cette même année aux E.U. exécution des Rosemberg accusés d’espionnage au profit de l’Union Soviétique.
1954 : L’état de santé de Frida s’aggrave rapidement.
Aussi malade que l’est son pays, plongé dans les conséquences d ‘une révolution ratée, elle participe en juillet à une manifestation politique en chaise roulante, dernier élan vital avant de rendre l’âme quelques jours après.
« Je peins parce que je passe beaucoup de temps seule. Je fais des autoportraits parce que je suis le seul motif que je connaisse le mieux ».
Biographie
Carlos Fuentes in ‘Le Journal de Frida Kahlo’, éditions du Chêne, Paris, 1995.
D’après Caroline Bousbib pour Evene.fr - Août 2007.
« Diego et Frida » de J.M.Le Céezio - Ed. STOCK - 1993