Noël approche...Le centre ville se veut scintillant, et dans son coeur le marché de Noël brille de tous ses feux. Les quartiers suivent tant bien que mal avec leurs illuminations discrètes. Les paroisses dotées d'orgues organisent des concerts pour fidèles mélomanes . Les magasins ouvrent même le dimanche pour faciliter les achats de cadeaux et, pour les plus petits, laisser une lettre pour le Père Noël...La fête a perdu beaucoup de son sens religieux et a pris un caractère commercial et païen. C'est pourquoi je me plais d'évoquer ici :
Le Noël Provençal
Noël reste en Provence une fête familiale et conviviale pétrie de traditions. Les santons d’argile qui décorent la crèche présente dans tous les foyers sont apparus après que la révolution française ait supprimé messe de minuit et représentations publiques à caractère religieux. De nos jours durant les trois semaines qui précèdent Noël il y a des foires aux santons à Marseille, Aix, Arles ... on peut aussi les acheter par Internet et ils s’exportent dans le monde entier !
Les « pastorales » (crèches vivantes) mettent en scène dans les villages provençaux comme Baux des personnages chantant et parlant en provençal . Ils sont vêtus comme les santons de vêtements traditionnels chacun portant les insignes de son métier ou de son état. Outre la Sainte Famille, l’âne et le bœuf, sont mis en scène li pastre, lou viei et la vièio, lou ravi, lou tambourinaire, la peissouniero, lou pourtarié d’aigo, la masièro, lou móunié, lo banastaire …tout un petit peuple venant rendre hommage à l’Enfant Dieu , en habits de travail ou de fête. Ils se dirigent vers la crèche accompagné d’animaux domestiques, chiens, poules, coqs, cochons , et guidés par l’ange Boufareu. On retrouve cette tradition en Catalogne avec les "pesebres" qui outre la tradition de présenter des crèches vivantes la nuit de Noël dans beaucoup de paroisses, sont aussi l'objet d'exposition dans les églises.
La vraie bûche de Noëlest allumée juste avant la Messe de Minuit par le doyen de la famille qui répand sur elle du vin cuit. Cette cérémonie du « cache-fio » est le préambule au « gros souper » qui permet de patienter en attendant la messe . Dressé sur une table recouverte de trois nappes, éclairé par trois chandeliers, le gros souper présente un grand nombre de plats simples et savoureux, confectionnés à base de légumes . Il n’y a pas de menu type mais des spécialités parfois très localisées (fougasses,gratins, tourtes…) Ce n’est qu’après la messe que le dessert régale la famille regroupée autour de la table de fête. Dans bien des endroits la place d’honneur reste vide car elle est réservée au pauvre qui pourrait venir apaiser sa faim en cette nuit de Noël … elle sert aussi à honorer le souvenir des parents disparus.
Quelques variantes existent en terres catalanes. Ainsi la bûche n'ira au feu qu'après que, par un tour de passe-passe, elle ait régurgité friandises et petits cadeaux pour les enfants. La Messe de Minuit s'appelera "Missa del Gall" (messe du coq) car dite à une heure fort avancée de la nuit...
La tradition cite 13 desserts en mémoire de Jésus et de ses apôtres .Parmi le nombre figurent obligatoirement « les 4 mendiants » composés de fruits secs. Raisins dont la robe évoque la bure des Dominicains, noix pour les Augustins, figues pour les Franciscains, amandes pour les Carmes. On présente aussi des fruits confits, des fruits frais, de la pâte de coing, des galettes, du nougat blanc ou noir, des dattes venues d’Orient comme le Christ.
En Catalogne "les 4 mendiants' deviennent "postres de capellà" (dessert de curé) et sont accompagnés de "tourrons" fort semblable au nougat lorqu'ils sont durs et fondants comme une pâte d'amande au miel lorsqu'ils sont moëlleux.
Partout la veillée est arrosée de vin cuit et agrémentée de récits et de chants repris à l’unisson.
Alègre, alègre, alègre ! Que nostre Segne nous alègro