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Bausen et sa "légende"

Voici la deuxième légende qui court dans la basse vallée de l'Aran. Nous sommes près de la frontière du Pont-du-Roi (Pont d'Arrei), à l'endroit où la Garonne aranaise reçoit un de ses derniers torrents-affluents, l'Arriubausen, né dans la Serra de Vacanera.

Bausen est le village qui vit naître et éclore de malheureuses amours dont le souvenir est encore vivace. Il ne s'agit pas du drame de Romeo et Juliette, enfants maudits de Vérone, ou du sacrifice des amants de Téruel dont les familles rendirent l'amour impossible. A Bausen, il y a plus de cent ans, vivaient quelques modestes familles unies par les dures conditions de vie mais aussi par des liens de parenté.

La jeune Thérèse et son cousin s'entendaient à merveille depuis toujours : complicité dans les jeux, aide dans les travaux, tout était prétexte à se chercher et à se retrouver au milieu de leurs frères et soeurs. Les années passant de bonnes âmes s'en inquiétèrent et avertirent Mossen LLuís, le curé de la paroisse. Lorsqu'un dimanche après la messe les deux jeunes gens lui ouvrirent leur coeur, le prêtre leur annonça sans sourciller le prix de la dispense qui leur permettrait d'envisager le mariage malgré leur parenté. Sans argent pas de sacrement!

Eglise de Bausen

Eglise de Bausen

Hélàs, la somme était beaucoup trop importante pour les deux tourtereaux et leurs familles étaient trop pauvres pour satisfaire la demande du curé. Thérèse et son amoureux décidèrent de passer outre l'interdit et de vivre leur amour de façon conjugale malgré la réprobation des plus purs et pieux habitants du village.

Au bout de quelques années Thérèse rongée par son état de pécheresse dépérit et mourut en secondes couches. Désespéré son compagnon alla trouver Mossen Lluís pour que sa chère morte ait messe d'enterrement et sépulture chrétiennes. Sourd à la douleur du jeune homme le prêtre refusa car hors sacrement du mariage le couple était illégitime et s'était écarté des voies du Seigneur...

Comme pour les âmes simples la mort remet tous les péchés , les villageois portèrent la dépouille près de la Chapelle St Roch (Ermita de San Roc) proche de Bausen. Là, ils lui donnèrent une sépulture qu'ils entourèrent d'une murette, délimitant ainsi le premier cimetière civil de la commune.

Tombe civile de Teresa

Tombe civile de Teresa

Aujourd'hui on peut encore lire sur la pierre tombale l'épitaphe "A la meva estimada Teresa" ( "à Thérèse, mon Aimée"). Des fleurs fraîches sur la tombe témoignent de la sympathie des vivants pour cet amour refusé au nom de Dieu.

Peu de temps après la mort de Thérèse, son compagnon quitta la vallée avec ses deux petits enfants pour s'installer à Toulouse où il vécut jusqu'à sa mort. Il avait souhaité être enterré auprès de son amour mais malgré toutes les démarches faites par ses enfants, sa dernière volonté se heurta à une fin de non-recevoir des administrations franco-espagnoles....

Forêt de Carlac

Forêt de Carlac

Le voyageur averti de cette histoire n'hésitera pas avant de quitter le Val, à faire un détour par Bausen où flotte encore l'ombre de Teresa. Il pourra aussi, si le temps s'y porte, s'enfoncer dans la forêt de Carlac aux hêtres centenaires et aux sous-bois mystérieux dont ont dit qu'ils sont le refuge des holets (lutins) de la vallée.

Hêtres centenaires de Carlac

Hêtres centenaires de Carlac

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M
Paix... A tous... Paix à ceux qui, comme eux, se sont heurtés à des bornés à œillères... On en parlera encore et encore... A la lecture, ils sont là, près de nous. <br /> Merci chère Monsetta... Bzzz.
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L
Un drama popular entrat en la llegenda.<br /> Amb la teva mirada tot embelleix.Gràcies Montserrat.<br /> Si passem a prop de l'Ermita de San Roc saludàrem la tumba de la pobra Teresa.<br /> Una abraçada. Llúcia
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M
Merci, Montsé, pour cette belle histoire d'amour !<br /> Une fois de plus, les représentants de l'Eglise ne se montrent pas sous leur meilleur jour....<br /> Les photos sont bien belles... une bouffée d'air pur ! Tendres bises. Marie
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