Je mets à profit une petite parenthèse à ma saison aranaise pour mettre en ligne dans les temps ( la "diada" est dans 8 jours), le rappel des heures parmi les plus noires qu'ait connu la Catalogne ....
El tractat dels Pirineus 1659 (1) Le traité des Pyrénées
Els francesos s’han ficat al Rosselló. Les français sont entrés en Roussillon
Ja ens van arrencant la pell! et nous dépouillent jusqu'aux os!
Els pagesos han de donar tot el blat. Les paysans doivent donner leurs récoltes.
És la guerra dels Trenta Anys! C'est la guerre de Trente Ans!
Ja se’n cansen els francesos i espanyols. Français et espagnols en ont assez
Vet aquí que fan les paus. et voilà qu'ils font la paix.
Adéu Rosselló, adéu Perpinyà! Adieu le Roussillon, adieu Perpignan!
Adéu terres i adéu germà! Adieu nos terres et adieu mon frêre!
Adéu Rosselló, adéu Perpinyà, Adieu le Roussillon, adieu Perpignan,
que els francesos s’hi van quedar! Les français s'y sont installés!
Traité des Pyrénées (7 novembre 1659)
(1) Ce traité met fin à la Guerre de Trente ans qui opposa la dynastie française des Bourbons et celle des Habsbourgs d’Espagne. L’Espagne vaincue par les troupes de Turenne avait cédé plusieurs places fortes en Flandres et abandonné à la France l’Artois, le Roussillon et 33 villes et villages de Cerdagne. La conclusion du mariage de Louis XIV avec sa cousine l’Infante Marie-Thérèse est l’une des plus importantes clauses du traité qui précise qu’outre une dot de 500 000 écus que l’Espagne ne paiera jamais, l’Infante doit renoncer pour ses enfants au trône d’Espagne.
Quarante ans plus tard, et donnant lieu à une véritable guerre civile, la Guerre de Succession, voit s’affronter en Espagne, partisans des Habsbourgs d’Autriche et partisans des Bourbons. En effet, le deuxième petit-fils de Louis XIV, Philippe de France, duc d’Anjou est devenu par la grâce de son grand-père prétendant au trône d’Espagne. En 1700 il succède à son grand-oncle Charles II, mort sans descendance et dernier représentant de la dynastie espagnole des Habsbourg.
Le Duc d’Anjou devient ainsi le premier roi d’Espagne Bourbon et prend le nom de Philippe V. Son avènement scellé par l’abandon du prétendant autrichien et la déroute de ses partisans au terme de 14 ans de guerre, « effacera les Pyrénées » après la chute de Barcelone, dernier bastion de résistance aux troupes franco-régulières (11 Septembre 1714).
http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=1260#sthash.u5MuqArn.dpuf
1714 1714
Se’n van a la campanya, Ils s'en vont en campagne,
que volen ser reis d’Espanya, Charles l'autrichien
en Carles, el d’Àustria, et Philippe d'Anjou le français,
de França, en Felip d’Anjou. car ils veulent être rois d'Espagne.
Ai de nosaltres, ai! Hélàs, pauvres de nous!
Som enemics de Sa Majestat. Nous sommes ennemis de Sa Majesté;
Ai de nosaltres, ai, Hélàs, pauvres de nous!
que ens volen prendre la llibertat. Ils veulent nous prendre la liberté.
Felip cinquè Philippe V
ens ha castigat de ple. nous châtie sans pitié.
Ja perd Barcelona Barcelone
fins la corona del seu comtat. perd même sa couronne comtale
Ai de nosaltres, ai, Hélàs, pauvres de nous, hélàs,
que ja ens l’han presa, la llibertat. Ils nous ont bien pris la liberté.
Blason de Barcelone, "ciutat comtal"
11 Septembre 1714
Après avoir subi un siège de 13 mois, un dernier assaut des troupes franco-espagnoles de Philippe V vient à bout de la capitale catalane où la population (espérant toujours l’intervention armée de ses alliés autrichiens et anglais) est restée prise au piège et décidée à résister de toutes ses forces à ses agresseurs. Des semaines durant les murailles ont subi un pilonnage incessant, côté terre et aussi côté mer. Plus de 30 000 projectiles ont jonché la ville de cadavres, ville défendue par un petit nombre de soldats et beaucoup de patriotes souvent armés de leur seul courage et désespoir : "o morts o lliures"( "ou morts ou libres"). Le 11 septembre à l’aube 10 000 soldats servant le Roi se ruent dans la ville après avoir enfoncé les dernières fortification .Un bain de sang noie maisons, rues et ruelles venant à bout de toute résistance. La répression qui suit complète l’horreur de la victoire des « royalistes ». Dans la mémoire collective catalane cet épisode dramatique perdure. Le Tricentenaire de cette défaite est l’occasion pour la Catalogne de 2014 d’affirmer son existence et ses velléités souverainistes envers et contre tous les aléas de l’Histoire .
Dernier roman historique sur le siège de Barcelone "Victus" d'Alber Sanchez Pignol, traduit en une vingtaine de langues depuis sa parution en 2013
à suivre....