ANTON GAUDI (1852 – 1926)
A l'occasion des 150 ans de la naissance d'Anton Gaudi, l'architecte révolutionnaire catalan du début du XX° siècle, je publiai pour les aînés du Club 3° âge de la Route de Fronton ce texte à la demande du responsable des publications. J'espérai ainsi leur faire mieux connaître le génie catalan illustré par cet audacieux concepteur sans lequel Barcelone n'aurait pas la même part de rêve.
Né en 1852 à Reus (province de Tarragone) , fils de chaudronnier , une enfance maladive en fit un grand observateur de la nature particulièrement attiré par ses formes, couleurs et géométrie. En 1868 il entreprit des études d’architecture à Barcelone dans une école parcourue par les courants néoclassiques et romantiques. Ses premières productions oscillent entre une réinterprétation du classicisme et la récupération d’éléments de l’architecture du Moyen-Age et de l’Orient.
En ce dernier tiers du XIX° siècle une fièvre intellectuelle et artistique enflamme Barcelone. L’Exposition Universelle de 1888 donne l’occasion aux Catalans conscients de leur force productrice ( la Catalogne est la première région industrielle d’Espagne) d’inaugurer avec éclat leur entrée dans le concert des peuples modernes L es recherches de Viollet-le-Duc sont une inspiration commune aux architectes de Barcelone et Paris qui ont désormais l’ambition de moderniser leur environnement.
Dès 1881 Gaudi va recevoir ses premières commandes d’associations dévotes et de grandes familles bourgeoises catalanes. Les Dévots de St Joseph lui confient la construction de la Sagrada Familia, cathédrale à laquelle il consacrera une grande partie de sa vie et que sa mort accidentelle sous les roues d’un tranway laissera inachevée. L’industriel Eusebi Güell,propriétaire d’importantes filatures de coton,homme éclairé et sensible,passionné d’art et protecteur des artistes lui permet d’expérimenter sa force créatrice en lui confiant la réalisation d’un pavillon de campagne (Finca Güell 1882) , d’un palais urbain à Barcelone (Palacio Güell 1885-89) d’une cité–jardin avec pavillons,école,marché couvert,esplanade ( Colonia et Parque Güell 1900-14) près du Tibidabo, et un édifice religieux ( Eglise de la Colonia Güell 1898-1914 ) .
Gaudi avec Puig i Cadafalch,Domènech i Montaner contibuent à transformer le cadre architectural de Barcelone,mais jusqu’en 1910,année où Gaudi fait grand bruit au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts en présentant la maquette de la façade de la Sagrada Familia,ainsi que de nombreux dessins et moulages, la presse française n’attache que peu d’importance aux transformations de Barcelone .Les critiques concernant les réalisations de Gaudi sont empreintes de condescendance amusée ou sceptique,voire méprisante . Le génie du catalan est incompatible avec la logique technicienne de l’école française. Pourtant dans cette église gigantesque qui transcende définitivement la structure gothique,Gaudi est le premier à inventer de nouvelles solutions au problème de la couverture des nefs et des grands espaces en abandonnant la verticalité gothique au profit de l’obliquité de l’ordre parabolique.
Sa mort dramatique en 1926 arrête les travaux de la Sagrada Familia,son œuvre majeure. Ce songe de pierre accompagna durant des lustres sa vie mystique et passionnée. Véritable laboratoire de lignes architecturales, délire de formes sculptées,la façade principale du temple expiatoire de La Sagrada Familia heurta en son temps l’esthétisme délicat d’un Federico Garcia Lorca qui avouait ne pouvoir en supporter la vision que « quelques instants ».
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Génie isolé hors du temps et de l’espace, architecte prodigieusement original, urbaniste, sculpteur, peintre, musicien, ferronnier , ébéniste , DON ANTON GAUDI ne laissait à personne le choix d’un matériau, d’une couleur…Profondément attaché à son pays,
Gaudi qui parlait catalan même au Roi, est désormais reconnu sur le plan international comme un des grandes figures de l’architecture moderne. La Sagrada Familia , œuvre démesurée , « sublime aberration » , aujourd’hui son tombeau , continue ses métamorphoses, après une profonde léthargie suivie de nombreuses polémiques. Le sculpteur catalan SUBIRACHS conscient « qu’aucune cathédrale n’a été construite par un seul homme » y consacre sa vie relevant le défi de Salvador Dali qui déclarait voici plus de trente ans « Je crois la Sagrada Familia inachevable ».
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