Il y a toutes sortes de monuments à Toulouse : 2000 ans d'histoire ce n'est pas rien! Je me suis intéressée à un moment culturel dont est fière la Ville Rose, sa Cinémathèque...
Sise rue du Taur, non loin de la basilique St Sernin, la Cinémathèque de Toulouse occupe des lieux historiques. L’accès se fait par un remarquable portail sculpté, œuvre de Nicolas Bachelier (1516), architecte qui contribua à la réalisation d’autres monuments de la grande époque du Pastel.
La Cinémathèque est née de la passion du cinéphile éclairé qui en fut son fondateur : Raymond Borde. En 1958 eurent lieu les premières projections publiques dans la salle de projection du centre pédagogique pour enseignants, le CDRP, rue Roquelaine. Très vite la Cinémathèque devenue membre de la Fédération Internationale des Archives du Film, entreprit une vaste politique d’échanges et de restauration avec ses homologues du monde entier, en même temps qu’elle enrichit de façon remarquable son patrimoine de films muets, courts-métrages et documentaires.
Dès les années 70 producteurs et distributeurs déposèrent spontanément des copies de films. À la fin des années 80 la Cinémathèque comptait plus de 15 000 longs et courts-métrages.
En 1990 la Cinémathèque accepta la proposition de la Ville de Toulouse d’aménager dans les locaux du 69 rue du Taur. Au XIII° siècle ces murs avaient abrité le Collège de l’Esquile et sa Chapelle qui faisaient partie de la première Université de Toulouse. Au XVIII° on y trouvait la Congrégation des Pères Doctrinaires. Au XX° le site fut, successivement, marché de la violette, siège d’associations, dont le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol en exil, cinéma Pax devenu par la suite Ciné Espoir. Dans les années 50, les élèves des écoles publiques y venaient pour des projections gratuites le mercredi après-midi et jusqu’aux années 60 des troupes d’amateurs y révélèrent leurs talents de chanteurs, danseurs ou comédiens.
Les travaux de réhabilitation de 1995 ont redonné ses ors à la voûte de l’autel de la Chapelle et ont permis de découvrir une fresque réalisée dans le premier quart du XX° comportant l’inscription « …Demain l’Internationale sera le genre humain… ». Au terme de deux années de chantier, le 14 février 1997, la nouvelle Cinémathèque de Toulouse était inaugurée dans des locaux entièrement réaménagés, riches de passé et prometteurs d’avenir. La politique particulièrement dynamique de Raymond Borde et son équipe ouvre alors des cycles de projections consacrés à tel réalisateur, cinémas ou acteur. Festivals et débats sont aussi régulièrement proposés à un public très diversifié et nombreux. Depuis une dizaine d’années le Festival CINESPANA présente aux toulousains en avant première des réalisations de metteurs en scène espagnols de grande notoriété et un jury particulièrement averti récompense le meilleurs films visionnés. Les RENCONTRES CINEMAS D’amerique latine fonctionnent sur le même modèle: projections, débats, rencontres avec les artistes, animations musicales, service de restauration et bar.
La Cinémathèque , qui possède des films du monde entier, est la 2° cinémathèque de France après Paris. Depuis 1992 , institution de rang international, elle participe en collaboration avec les Archives du Film à la sauvegarde des films nitrate. Sa bibliothèque est une bibliothèque de recherche avec ses 71 000 dossiers de presse, ses 11 000 ouvrages, ses 3 000 titres de revues françaises et étrangères, ses 1800 scénarios et son fonds audiovisuel (200 titres documentaires en vidéo, 340 DVD, 600 CD audio de musiques de films, 30 CD Rom) qui met à la portée de tous un extraordinaire éventail de documents consultables sur place. La Cinémathèque se visite et pour les groupes qui le souhaitent le parcours s’achève dans la petite salle de projection (la Cinémathèque en possède deux, la plus grande prévue pour 222 personnes), avec la découverte de courts-métrages historiques comme quelques séquences de Louis Lumière (1895),
ou des extraits de films comme « L’Assassinat du Duc de Guise »(1908),
« En avant la musique »(Pathé1920),
« Salambô »(Gaumont1925)
Depuis 50 ans la Cinémathèque de Toulouse entend participer à la promotion du septième art dans le monde, et dans un même temps, constituer la mémoire du Sud-Ouest. Ses collections variées sont constituées pour moitié d'un fonds français incontournable, mais donnent la part belle au cinéma américain des années 30, à la production russe soviétique de la même époque ou encore aux films sur l'art. Ouverte 11 mois sur 12, elle propose en été dans sa grande cour pavée, des projections en plein air comme autrefois avec des musiciens jouant derrière la toile. Rêve et dépaysement garantis !