Il y a un mois je mis à profit la Journée Portes Ouvertes aux Serres Municipales de Toulouse pour revenir dans ce lieu unique qui propose à l’admiration de tous des milliers de plantes, fleurs, vivaces ou non, arbustes, tous éléments essentiels de l’ornementation des jardins publics de la ville.
La bâtisse d’entrée passée, le terrain sur lequel sont bâties les serres s’ouvre aux yeux du visiteur : plus de 2 hectares dont 6000m2 couverts produisent plus de 300 000 plantes par an, annuelles ou bisannuelles. Au sein de ces collections multicolores se trouvent 2000 pots de violettes de Toulouse et 2500 plantes d’intérieur et arbustes pour la décoration d’évènements dans la ville.
Plein air et serres
La promenade le long des plantations à l’air libre ou sous couvert, amène le visiteur à se trouver face aux splendides serres historiques de 1885 dessinée par Gustave Eiffel. Construites en 1887 puis démontées les serres trouvent leur emplacement définitif boulevard de la Marne, au bord du Canal du Midi, sur un terrain donné à la municipalité par une passionnée d’horticulture. Les serres sont inscrites au patrimoine historique de la ville.
Dans les serres
Une vingtaine d’employés municipaux exercent leurs talents de jardiniers pour cultiver, cloner, greffer, dépoter, rempoter, soigner tout l’univers végétal qu’ils ont en charge. Les cactées et autres variétés tropicales trouvent leur place dans la serre historique, non loin des violettes cultivées par centaines et venant des quatre coins du monde. La violette de Toulouse y figure en bonne place car les serres abritent depuis 1994, le Conservatoire National de la Violette. Une centaine de variétés de violettes parfument le lieu surtout lors de leur pleine floraison en février-mars.
Selon la légende la violette de Toulouse est une espèce à fleur double ramenée de la région de Parme par un soldat de l’armée napoléonienne après la campagne d’Italie. C’était un cadeau pour son amoureuse habitante de St Jory. Tout naturellement les premières cultures se sont situées dans la zone maraîchère du nord de la ville dès les années 1850. Les producteurs vendent plants et bouquets sur le marché des violettes des Jacobins et dans les rues attenantes. En 1908 apparait la première coopérative consacrée à la production et à sa diffusion. Durant la première moitié du XX° siècle la violette de Toulouse est exportée en Europe jusqu’en Russie atteignant le chiffre record de 600 000 bouquets par an !
La deuxième partie du XX° siècle voit le déclin de ce marché jusqu’à la disparition en 1983 de la coopérative. La violette est passée de mode !
Néanmoins quelques producteurs subsistent ce qui permet en 1985 à Adrien Roucolle ingénieur agronome, de relancer la culture pour éviter l’extinction de la variété toulousaine.
En 1993 l’association « Terre de Violettes » vise à redynamiser et moderniser l’image de la fleur en regroupant producteurs, amateurs passionnés, industriels qui produisent parfum, liqueur et violettes cristallisées. La Fête de la Violette annuelle, place du Capitole, assure la promotion des divers produits :
La violette cristallisée dans le sucre apparue à la fin du XIX°
Le parfum crée en 1936 par les établissements Berdoues et le savon de toilette
La liqueur des établissement Serres mise sur le marché en 1950
Le sirop, le miel et les bonbons à la violette
La confiture ou la gelée de violette qui accompagnent le foie gras en gastronomie étoilée.
Bien avant l’introduction de la violette de Parme et de ses débouchés commerciaux, l’humble violette champêtre se trouvait au centre de l’évènement culturel le plus ancien de Toulouse : les Jeux Floraux. La grande peinture de Jean-Paul Laurens « Première distribution des Jeux Floraux, le 3 mai 1324 » qui se trouve dans la cage d’escalier menant à la Salle des Illustres du Capitole y fait référence.
En 1323 sous Charles le Bel, sept troubadours toulousains avaient créé le Consistoire du « Gay savoir », la plus ancienne Académie d’Europe, qui se donnait mission de récompenser annuellement par l’attribution de fleurs, les plus belles poésies en Langue d’Oc. La plus haute distinction était la violette d’or réservée aux poèmes dédiés à la Vierge. La première violette fut délivrée en 1324.
Avant de terminer la visite quelques pas sous la tonnelle de glycines s’imposent. Les glycines de la Serre municipale sont labellisées « arbres remarquables » par l’association nationale « Arbres Remarquables, Bilan, Recherche, Études et Sauvegarde ». Ces glycines couvrent plus de trente mètres et sont plus que centenaires. Leur floraison en mars-avril est une splendeur en camaïeux bleus et douces fragrances. Il va sans dire que les prochaines portes ouvertes auront un succès non démenti depuis des années !
La tonnelle de glycines
Sources :
Site des Serres Municipales de Toulouse
Crédits Photo :
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