Avant de devenir le mois du coup d’éclat du Daesh à Paris par un attentat qualifié par l’E.I. « d’attaque bénie de Paris contre la France croisée », novembre était ici et là , le mois de la St Martin, célébré le 11, ainsi que sa parenthèse printanière avant l’hiver : « l’estiuet de la San Marti » en Catalogne et ici : « L’été de la saint Martin qui dure trois jours et un brin ».
C’était aussi dans les campagnes le moment d’engranger des provisions pour l’hiver et de tuer le cochon pour préparer les salaisons « A cada porc li arriba el seu Sant Marti » (chaque cochon aura sa St Martin ). Il fallait aussi se monter avisé : « A primers de novembre, el teu foc ja pots encendre » (Au début de novembre tu peux rallumer le feu dans la cheminée) et tâter le vin nouveau : « Per Sant Martí destapa el vi » (Pour la St Martin débouche ton vin).
A Toulouse les meuniers des moulins du Bazacle ont célébré la Saint Martin durant tout le Moyen-Âge et l’Ancien Régime, à l’Eglise de Saint Pierre des Chartreux. Edifiée au début du XVII° siècle, elle doit son nom à la Communauté monastique des Chartreux venus s’établir à Toulouse après avoir été chassé de leur lieu d’origine par la vague protestante lors des guerres de religion.
La tradition se perpétue de nos jours par une messe en occitan chantée et agrémentée en fin d’office par des danses régionales du groupe « Le Poutou de Tolosa » et le partage entre fidèles d’un grand pain rond anisé joliment décoré d’une croix occitane.
Lorsque St Martin quitta la ville de Tours dont il était évêque (IV° siècle ),il le fit pour porter la Parole et convertir les terres du Sud qui étaient sous l’emprise du Démon. Au fur et à mesure de ses prêches les foules se convertissaient et le diable perdait du terrain. Furieux il décida qu’il fallait en finir avec cette avance du Bien et par la ruse arrêter le prêcheur reconnaissable entre tous par son manteau, son cheval blanc et son glaive. Il piégea d’abord le chemin que devait emprunter le saint, en plaçant une corde en travers, bien dissimulée par des branchages de manière à ce que le cheval s’y entravant, désarçonne son cavalier. Mais le cheval -qui était celui d’un saint- senti le piège démoniaque et s’arrêta. St Martin n’eut plus qu’à couper la corde avec son épée pour poursuivre son chemin. Le Diable se présenta alors à lui sous la forme d’un brave homme dépouillé par des bandits contre lesquels il n’avait pu se défendre car sans arme. St Martin lui donna son épée et continua sa route. Le Malin passa à la deuxième phase de son plan. Pour récupérer le cheval il prit la forme d’un marchand désespéré par la mort de la mule qui tirait sa charrette. Saint Martin touché par le désespoir du malheureux lui remit son cheval et continua à pied le chemin. Sans épée et sans sa monture les gens le reconnaissaient à son manteau pourpre de soldat romain, mais lui seul en connaissait le pouvoir de protection et la force d’évangélisation que lui donnait un cheveu du Christ glissé dans une croix blanche en tissus cousue sur l’envers de ce manteau.
Le Diable était pressé d' achever de dépouiller le saint homme. Il se coucha tout nu et, grelottant de froid sur le sentier que devait d’emprunter Saint Martin, il arrêta le prêcheur. En voyant le pauvre hère, le saint déchira son manteau en deux pour couvrir le misérable tout en prenant bien soin de garder la moitié miraculeuse . Le Diable s’approchant de lui, lui demanda d’une voix faible, l’autre moitié....c’est alors que St Martin vit les deux petites cornes sur le front. Aussitôt il jeta sur le démon son manteau qui, tel un buisson ardent , fit disparaître dans les flammes de l’Enfer l’ange déchu... e patin, patan, lo conte s’acabat!
En Catalogne la légende veut que, par une journée neigeuse, le saint ait donné son manteau au pauvre en disant : « prends , au nom du Christ ». Alors le ciel s’était éclairci, laissant apparaître un soleil lumineux et un grand arc-en-ciel appellé depuis « l’arc de San Marti » .
L’histoire de la vie de ce saint, soldat de l’armée impériale sous Constantin le Grand et Constantin II est évoquée par les fresques de Simeone Martini, un des maîtres du Quattroccento, dans la basilique de Saint François d’Assise .