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Rattaché politiquement jusqu'au X° siècle au Comté du Comminges, ce n'est qu'au XII° que le Val rejoint la Couronne catalan-aragonaise se soustrayant ainsi aux formules féodales qui mettait à mal son très ancien système d'autogouvernance. A la fin du XIV° le Val devient territoire de la principauté de Catalogne après que son administration indépendante ait été reconnue et entériné par différents traités dont la « Querimonia » de Jaime II (1389). Vielha est alors la dépositaire des droits et privilèges de l’aire de Mijaran, un des trois « « terçons » qui découpaient administrativement la région.
Vielha au début du XX° siècle
Le commerce avec la France était lui aussi régulé par des traités tel celui des « Lies et Passeries » signé en 1513, qui régissait l'utilisation des pâturages par les troupeaux issus des deux côtés de la frontière. Les relations qu’établirent les habitants de part et d’autre de la ligne de démarcation d’état parvinrent à être au-dessus des aléas de l’histoire. Les dures conditions de vie avaient appris l’entraide aux habitants qui ne devaient leur survie qu’à eux-mêmes et à une autarcie soigneusement gérée dans le respect scrupuleux de biens communaux.
Jusqu’en 1835 les aranais s’autoadministrèrent, malgré l’absolutisme centralisateur du Bourbon FelipeV proclamé Roi des Espagnes en 1700 et, un siècle plustard, le rattachement du Val au département de la Haute Garonne suite à l’épopée napoléonnienne (1810). La restauration des Bourbons le rendit à la couronne espagnole en 1815, qui l’annexa à la nouvelle province de Lérida.
Durant le siècle qui suivit les privilèges de la vallée se perdirent dans les vicissitudes de l’Histoire qui finit même par oublier ce coin perdu au cœur des Pyrénées. ... Les Aranais, artisans à leurs heures, étaient avant tout des agriculteurs et des éleveurs qui devaient déployer beaucoup d'énergie pour cultiver de petites surfaces dans des conditions très difficiles. Certes la contrebande améliorait le quotidien, mais là aussi la vie était rude comme l’était l’exploitation des mines de zing au début du XXe siècle dans la zone d’Arres et de Bossòst. Peu rentables après l’effondrement des cours du zinc elles fermèrent en 1953. Aujourd’hui elles font partie du patrimoine touristique .
Si contrairement à de nombreuses zones montagnardes équivalentes, la population a augmenté d'un quart au cours de ces dernières années c’est bien parce que les aranais ont su mener une gestion particulièrement bien ciblée du tourisme d’hiver comme d’été et tirer un bon parti de l’organisation en autonomies de l’Etat Espagnol ( 1979). La Nouvelle Loi d’Aran (2009) aprouvée par la Generalitat de Catalunya, a approfondi les compétences du gouvernement autonome aranais (Conselh Generau d’Aran) et reconnait le trilingüisme de la vallée (catalan, castillan, aranais) avec l’aranais comme langue co-officielle du Val. L’hymne national « Montanhes araneses », n’est autre que la version aranaise de la chanson « Se canta » issue de la tradition occitane.
( à suivre...)